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Un territoire à fort potentiel

Lodève, petite ville française de 7426 habitants, sous-préfecture de l’Hérault en région Occitanie, est le siège de la communauté de communes Lodévois et Larzac (14 000 habitants). Localisée au pied du Pas de l’Escalette (région du Causse du Larzac), à 45 kms de la métropole montpelliéraine, elle constitue l’une des polarités les plus importantes du Pays Coeur d’Hérault (avec Clermont-l’Hérault et Gignac).

La commune bénéficie d’importantes qualités naturelles, paysagères, géologiques, hydrologiques et botaniques. De plus, elle est dotée d’un patrimoine bâti et naturel reconnu et d’un dynamisme culturel fort. Elle arbore un statut de ville multiculturelle par la pluralité des communautés qui la composent, due à l’arrivée d’une population immigrée (en lien avec la Manufacture Nationale de tapis de la Savonnerie des Gobelins) et plus récemment par l’arrivée d’une population plus aisée (de classe moyenne voire supérieure, majoritairement retraitée).

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Un contexte économique figé

Lodève connaît cependant des difficultés en matière d’activités commerciales, économiques, et sociales. En effet, elle fait face à une évasion commerciale due en partie au manque de locaux adaptés dans le centre historique et d’une disponibilité foncière très limitée en périphérie, limitant l’évolution des typologies commerciales. Cette perte de commerces est le reflet de la situation économique globale de la ville : malgré un panel socioprofessionnel assez diversifié, la part de chômeurs et de personnes inactives reste conséquente : 29,5% soit presque 1/3 de la population. De plus, le taux de pauvreté demeure important (28,8% en 20151), ce qui fait de Lodève l’une des villes les plus pauvres du département. Les revenus de ses habitants (autour de 2000 € net/mois en 20141) sont plus faibles que la moyenne départementale, voire nationale (2225 € net/mois1).

Le parc de logements subit une vacance importante (17% en 20161), liée à une restructuration (division) par les propriétaires des typologies d’appartement pour améliorer la rentabilité. Ces logements, en stock important, sont immédiatement disponibles et très abordables, mais dégradés. Ce sont des « logements sociaux de fait », ce qui contribue à accueillir une même catégorie d’habitants précaires (personnes de plus 50 ans isolées, des titulaires l’AAH, famille monoparentale).

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Une collectivité qui cherche des solutions

Néanmoins, la commune a mis en place ces dernières années plusieurs stratégies dans le but de remédier à ces problématiques territoriales : les plus importantes étant à ce jour le Contrat de Ville, le programme de revitalisation du centre-bourg qui fait suite à la délimitation d’une Aire de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP).

Par la rénovation du patrimoine bâti de son centre historique, la ville (déjà dotée du label «Ville d’Art et d’Histoire») cherche à rehausser sa valeur culturelle et touristique et à relancer son dynamisme commercial. En 2016 l’étude EPARECA, réalisait par la Cerema, annonçait la présence de 167 locaux dans le centre ancien dont 54 étaient inactifs. Ainsi, l’objectif est de réaffirmer la place de Lodève en tant que polarité sur le territoire, de reconnecter les lieux d’échanges, et de faciliter l’accès aux équipements.

Afin de renforcer les différents secteurs économiques de la ville, la collectivité a également bénéficié entre 2010 et 2016 de la mobilisation FISAC (Fonds d’Intervention pour les Services, l’Artisanat et le Commerce) et a créé en 2014 un office de commerce de l’industrie, de l’artisanat et de l’agriculture. Elle compte sur le parc d’activité économique Régionale OZE Michel Chevalier pour voir revenir des PME industrielles. Face au chômage, certaines associations de la ville œuvrent pour l’intégration de la deuxième loi d’expérimentation de Territoire zéro chômeur de longue durée.

A contrario, les acteurs locaux développent des capacités d’innovations, à l’exemple du projet des Moulinages lancé en 2018 par l’entreprise Ecolodève, dirigée par Marc Padilla, qui a racheté une usine de textile désaffectée à Lodève dont l’activité a cessé en 2005 et où 600 personnes travaillaient à l’époque de son pic d’activité. Sur le périmètre de l’ancienne usine couvrant 30 000 m2 à proximité du centre-ville (dont 15 000 m2 de bâtiments), le projet consiste à créer un lieu de production, de commercialisation, d’échanges, de rencontres et de vivre ensemble (tiers lieu).

Un pouvoir d’agir citoyen latent ...

La ville de Lodève présente également une vie associative très active, représentative de l’investissement de ses habitants dans la vie de la commune. Elle regroupe au total 309 associations avec une majorité s’articulant autour des loisirs et de la vie sociale (26%), de la culture (24%) et du sport (15,6%).

À titre d’exemple : « La distillerie », tiers lieu cherchant à recréer une mixité en ouvrant l’espace sur le quartier et la ville. Ce lieu de partage vivant a pour ambition de servir de support à une dynamique de rénovation d’autres bâtiments en coeur de ville.

Ou encore Le CLAP (Collectif Lodévois des Aptitudes Partagées) né en novembre 2014 d’acteurs associatifs, professionnels et d’habitants du Lodévois avec la volonté commune de créer ensemble un lieu vivant, favorable aux rencontres et au partage. Bien d’autres associations existent telles que, «Recyclage Lodévois, le projet «potentiel jeune» (requalification de jeunes dits « invisibles ») mais aussi de nombreuses activités autour des enjeux politiques de la ville.

Nous pouvons donc constater, à travers ces initiatives, un regain d’intérêt d’une partie des habitants pour leur territoire et une préoccupation croissante par rapport à leur cadre de vie, orientée vers la notion de partage, dans l’intérêt des uns et des autres. Ces préoccupations se sont également vues renforcées lors des différents échanges que nous avons eus avec une partie des habitants. Aujourd’hui donc, le contexte général incite à se mobiliser collectivement autour d’une ambition commune pour faire évoluer la ville, dans la pluralité et l’échange.

Cependant, malgré ces revendications partagées de faire évoluer les perspectives de développement de Lodève, on remarque une désynchronisation entre l’ensemble des actions esquissées, qu’elles proviennent de la collectivité ou des associations. Nombre d’habitants ont fait part de leur désorientation face à ces accumulations de manoeuvres isolées, et leur frustration de ne pas pouvoir participer à la construction de la ville de Lodève dans une logique systémique.

Lodève présente le cas intéressant d’une commune pourvue d’une volonté politique de redynamisation, qui trouve des relais dans son corps social et qui se montre capable de mobiliser des outils nationaux. L’absence d’une ingénierie urbaine capable de proposer aux acteurs une lecture commune du territoire semble une des principales difficultés. En cela, notre recherche est une recherche-action qui agit sur le territoire en fédérant autour d’une production de connaissance.

Paradoxes et contresens de Lodève | par Sébastien Rome

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